Le maltage
Souvent méconnu, le maltage est déterminant pour développer les arômes du malt. Il s’agit de l’étape intermédiaire entre la récolte des céréales et sa transformation par les brasseries et distilleries en alcool.
Délices d’initiés a passé une journée dans la malterie artisanale et bio « Malteurs échos » à Beauchastel pour vous concocter ce petit reportage résumant les étapes du maltage.
Sélection & arrivée du grain
Pour obtenir un malt de qualité, la sélection du grain est primordiale. Certains critères entrent en jeu tels que le choix d’une céréale cultivée localement, biologique, mais le principal est la qualité du grain. Celui-ci doit être récolté à maturité, et bien trié pour éviter toute impureté (pas de céréales étrangère, de corps parasite –herbe, caillou, bois…-). Plusieurs céréales peuvent servir à l’élaboration du malt : l’orge, le blé, le sorgho, le millet, l’avoine, le seigle, l’épeautre, le maïs, le riz, le soja… En effet, si l’orge est la plus riche en amidon, ces autres céréales à base d’amidon permettent sa dégradation en sucres simples, destinés aux levures.
Stockage du grain
Le grain arrive par « Bigbags » d’une tonne directement de l’agriculteur à la malterie. Il est ensuite stocké en chambre froide à 15°C maximum pour éviter toute éclosion de parasite.
L’idéal est même de le conserver en dessous de 10°C et à un taux d’humidité inférieur à 13 % avec une bonne ventilation.
Réveil du grain : la trempe
Enfin, le grain est ensuite mis en cuve pour la trempe. Cette étape a pour but d’amorcer la germination du grain. Les phases où le grain est en immersion dans l’eau (de 14 à 22h) ou à l’air sont alternées jusqu’à ce que le germe du grain apparaisse (petite pointe blanche à l’extrémité de la céréale). On dit que le grain est « piqué » lorsque l’on voit l’apparition du germe.
L’hydratation du grain passe alors de 10 à 15 % à 38 à 48 %. Cette hydratation alourdi bien sûr le grain jusqu’à 1,6 fois plus !
La germination
Le grain est ensuite sorti de cuve puis étalé sur aire (au sol) en couches de 15 à 20 de centimètres d’épaisseur. Il sera ensuite retourné à la motobineuse régulièrement (environ toutes les 6 heures) pour s’assurer que la température ne s’élève pas au-delà de 12 à 15°C et soit homogène sur l’ensemble du lot. Cette étape va permettre aux radicelles de s’épanouir durant 4 à 6 jours. La germination est primordiale car c’est grâce au développement de l’activité enzymatique (radicelles qui poussent) que l’amidon se transformera en sucres et que les levures produiront de l’alcool lors du brassage ou de la distillation.
Les malteries à tambours, quant à elles, utilisent un procédé moins gourmand en main d’œuvre. Des cylindres munis de systèmes d’évacuation de l’air et d’aération, transfèrent l’orge dans des tambours tournant à 15 à 20 tours / minute.
Les malteries à cases optent pour un autre procédé. Des hélices retournent l’orge qui traverse des cases d’aspersion et des bassins de réfrigération.
On obtient alors du « malt vert ». Brassé tel quel, il donnerait des notes astringentes et herbacées à la bière.
Le touraillage
Le grain germé aux radicelles épanouies est alors déversé dans la touraille (une sorte de grand four) pour permettre son séchage et stopper la germination pour un meilleur stockage. Le grain est ainsi cuit pendant environ 24 h à haute température (par paliers). Les radicelles, cuites, sont alors atrophiées. Cette étape fixe la couleur des céréales et leur confèrent leurs qualités organoleptiques.
Le touraillage s’effectue en 2 temps. La première phase réduit le taux d’humidité de 45 % à environ 10 % par une chauffe n’excédant pas les 50°C. Au-delà, l’activité enzymatique sera impossible. La seconde réduit l’humidité en dessous des 5 % par une chauffe de 50 à 90°C.
Cette étape, basée sur la réaction de Maillard, détermine la couleur, les arômes et les saveurs du malt et donc de la bière obtenue. Les malts peu torréfiés apporteront des arômes de céréales et de pain, alors que les arômes de malts plus touraillés donneront des notes de biscuit, de noisette, de caramel, de café, de chocolat et même des arômes de fumée.
Le volume, comme le poids du grain est alors réduit (perte d’eau).
La dégermination
La dégermination consiste à débarrasser le grain des radicelles séchées, par frottement et ventilation. Il s’agit du même procédé utilisé pour le café, le cacao ou le blé afin de séparer le grain de leur enveloppe. En effet, les radicelles et autres éventuelles impuretés subsistantes pourraient donner de l’amertume et une coloration trop intense à l’alcool.
Les radicelles, riches en vitamines, sont utilisées en pharmacie ou en alimentation animale.
Le conditionnement
Après avoir été contrôlé et analysé, le malt est conditionné par sacs de 25 kg cousus. Il doit alors se bonifier et vieillir de 2 à 6 semaines. Il sera alors expédié aux brasseries et distilleries pour être fermenté. Les conditions de stockage du malt sont primordiales pour préserver ses qualités. L’humidité est bien sûr à proscrire.
Cette méthode artisanale de maltage est donc longue, demande du matériel mais surtout beaucoup d’attention pour éviter toute dérive à chaque étape du processus. Les malteries artisanales sont rarissimes en France, et les malteries industrielles peu nombreuses. Quelques agriculteurs brasseurs réalisent le maltage eux-mêmes. Cependant, la plupart des brasseurs et distillateurs s’approvisionnent directement en malt auprès des malteries, souvent étrangères. Alors désormais, consommez en connaisseur !
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