Déguster du Rhum
Pour déguster un Rhum, quelques conditions s’imposent pour un contexte favorable. Installez-vous dans un lieu ventilé, éclairé à la lumière du jour, aux couleurs claires et sans odeur parasite.
Pour une dégustation optimale, effectuez-la au moins 3 heures après un repas. Plus tôt, les mets ingérés et la digestion influeraient votre perception. La dégustation manquerait donc d’objectivité.
Phase visuelle pour déguster du Rhum
Commencez par observer le Rhum dans votre verre. L’idéal est de choisir un verre de type INAO pour exhaler les arômes sans les noyer comme le ferait un verre trop ouvert (cylindrique par exemple).
Qualifiez maintenant la couleur du rhum dégusté : est-il transparent, jaune pâle, paille, jaune d’or, doré, ambré, cuivre, acajou ?
Le Rhum dégusté est-il limpide, opalescent, voilé ou trouble ?
En faisant effectuer un tour à votre Rhum dans votre verre, les gouttes d’alcool coulent plus ou moins lentement le long de la paroi. On parle de jambes, de larmes ou de viscosité. Plus le liquide s’écoule lentement, plus le Rhum titrera.
Phase olfactive pour déguster du Rhum
Cette phase se découpe en plusieurs étapes. Pour déguster un Rhum, n’approchez pas immédiatement le nez du verre. Placez votre verre au niveau de votre nombril et remontez doucement jusqu’à ce que vous commenciez à percevoir les premiers arômes. Quelques gouttes d’eau cassent le côté alcooleux et favorisent l’accès aux arômes.
Après ce premier nez, aérez votre rhum pour percevoir d’autres notes aromatiques.
Notez les parfums identifiés lors de votre dégustation de Rhum, leur intensité, leur durée et leur complexité.
Une fois une gorgée de Rhum avalée, comptez les secondes durant lesquelles les arômes sont perceptibles. On peut aller de 1 à 5, même 7 caudalies. Il s’agit de la persistance aromatique intense (PAI).
Tentez la rétro-olfaction. Il s’agit de déguster du Rhum en soufflant par le nez tout en gardant le Rhum en bouche. Cela permet de faire voyager les molécules olfactives de votre bouche à votre muqueuse nasale. Vous percevrez encore de nouvelles notes aromatiques. Un entrainement vous permettra de déceler une large palette, persévérez !
Le verre est vide ? Déjà ! Ne vous réservez pas tout de suite… L’alcool est à consommer avec modération ! Sentez le verre de Rhum vide… Certains arômes persistent !
Phase gustative pour déguster du Rhum
Vient enfin la phase gustative… Elle s’avère bien plus simple que la précédente. En effet, on ne distingue que peu de saveurs : le salé, l’amer, le sucré, l’acide et l’umami (délicieux en japonais : saveur de poisson, soja fermenté, peau de poulet…). Les spécialistes débattent actuellement sur le nombre de saveurs en souhaitant ajouter à la palette de saveurs la réglisse, le féculent et le gras…
Faites abstraction des arômes (parfums & odeurs) et concentrez-vous sur les saveurs, leur intensité.
Phase tactile pour déguster du Rhum
Cette phase se déroule lors de la phase gustative. Une fois le Rhum en bouche, laissez vos sensations trigéminales s’exprimer… Trigé… quoi ? Trigéminales : il s’agit des sensations perçues par votre nerf trijumeau (sur le visage), reliant vos yeux, votre nez et votre bouche en partant de l’oreille. Ce nerf est celui qui vous fait pleurer à l’approche d’un oignon pelé, qui vous alerte sur le piquant du piment ou vous fait ressentir l’aspect rafraîchissant de la menthe… Il vous permet de ressentir les sensations tactiles thermiques (rafraîchissant, chauffe…), mécaniques (mâche, texture, consistance, viscosité…), chimiques (ardence, piquant…). Notez les sensations perçues et leur intensité ainsi que leur persistance.
Enfin, dégustez les dernières gorgées de votre Rhum en profitant de ce bouquet de sensations multiples qui font la richesse d’un bon Rhum…
Certes, les bons Rhums ne sont pas donnés, mais leur arômes sont plus persistants et l’on peut alors les déguster en petite quantité tout en profitant de ce festival de sensations, souvent plus complexes et nombreuses qu’un Rhum de moins bonne facture.
Bonne dégustation !
